S’ouvrir au monde sans oublier qui nous sommes : Relever le défi de l’apprentissage des langues étrangères dans un Québec francophone et moderne.
Ce document sur l’apprentissage des langues a été élaboré à la suite d’une réflexion sur la volonté d’un grand nombre de parents québécois de voir leurs enfants apprendre l’anglais le plus rapidement possible pour terminer leur éducation obligatoire en ayant une très bonne maîtrise de cette langue.
Cette situation n’est en rien surprenante. L’anglais s’inscrit comme la langue première du commerce international et sa maîtrise est exigée abusivement par de nombreux employeurs au Québec. Elle est également valorisée par sa présence marquée à la télévision, sur l’Internet, comme dans le monde de la musique et du cinéma. La maîtrise de l’anglais, qui est incontestablement un atout, apparaît donc à tort comme une nécessité absolue pour tous les Québécois.
Bien qu’au Québec le français soit protégé par la Charte de la langue française, sa situation ne s’en trouve pas moins fragilisée par notre contexte particulier. En effet, l’anglais au Québec présente une telle force d’attraction que nous en venons à craindre qu’il menace carrément le français comme langue commune des Québécois.
Cette crainte n’est pas sans fondement. Comme l’illustre une étude de l’Institut de recherche sur le Québec (IRQ)1, la coexistence de deux langues, dont l’une est davantage valorisée socialement et économiquement que l’autre, se fait habituellement au détriment de cette dernière. Dans le cas du Québec, l’attrait de l’anglais est majeur, autant pour les Québécois dits « de souche », qui veulent répondre aux exigences des marchés étrangers, que pour les Québécois issus de l’immigration.
Aussi, nous sommes d’avis que la maîtrise de l’anglais est un atout indéniable. Il n’en demeure pas moins que l’apprentissage de cette langue doit respecter les objectifs que nous nous fixons en tant que nation. Sur ce point, le consensus québécois est clair : la langue française doit devenir la langue normale et commune du travail, de l’enseignement, des communications, du commerce et des affaires au Québec. Historiquement, ce consensus s’est affirmé avec de plus en plus de force au sein de nos institutions politiques.
En outre, si l’anglais est notre première langue étrangère, il existe d’autres langues sur le continent américain qui mériteraient d’être apprises (espagnol, portugais). Les langues d’origines de nos principales communautés culturelles mériteraient d’être valorisées. Celles-ci sont bien plus que de simples codes de communication interchangeables quand bon nous semble et selon l’interlocuteur. Chaque langue renferme des schèmes de pensée qui lui sont propres, et chacune possède sa propre façon de nommer le monde qui l’entoure. La diversité linguistique et culturelle est une richesse pour une société comme la nôtre à condition qu’il y ait une langue commune permettant aux individus de toutes origines de se comprendre et d’échanger entre eux.