Renouvellement de la politique culturelle du Québec : vers une politique de l’identité québécoise
Mémoire présenté dans le cadre des audiences de la consultation publique en vue du renouvellement de la politique culturelle du Québec.
En Amérique du nord, la culture québécoise est riche d’une histoire qui conjugue lutte pour la survivance et quête d’épanouissement. À travers sa littérature, sa chanson, son architecture, sa sculpture, et bien d’autres domaines, la culture québécoise a fait la fierté d’un peuple qui est tiraillé entre l’affirmation de son identité profonde et le sentiment que son originalité est quelquefois lourde à porter. Cette tension est pourtant créatrice. La culture québécoise témoigne d’une aventure collective saisissante, à laquelle se joignent depuis toujours de nouveaux Québécois qui s’approprient cette histoire et la poursuivent à leur manière. Dans une société qui connaît une diversité de plus en plus grande, la culture québécoise doit être offerte en partage.
La vieille formule semble usée, mais elle est encore vraie : la culture, c’est l’âme d’un peuple. C’est- à-dire que c’est à travers elle qu’il exprime son rapport singulier au monde et qu’il se pose les questions que toutes les communautés humaines finissent par se poser, d’une manière ou d’une autre. C’est aussi à travers sa culture qu’il raconte sa propre expérience du monde, qu’il contribue le plus profondément à la grande aventure de l’humanité, qu’il exprime son originalité spirituelle, pour peu qu’on définisse par-là le questionnement sur les fins dernières. La culture d’un peuple est l’expression la plus authentique de son génie singulier, de son identité profonde. On aurait tort d’y voir seulement un stock de coutumes ou un folklore uniquement bon à émouvoir les nostalgiques de profession.
Au fil des siècles, la culture québécoise a fait la preuve d’une exceptionnelle vitalité, absolument renversante pour une si petite population. Sa précarité en Amérique du nord pousse probablement les Québécois à sans cesse se dépasser. Pour emprunter la formule de Milan Kundera, c’est le destin des petites nations: elles savent que leur existence est un combat et qu’elle n’ira jamais de soi. Cela les amène sans cesse à réfléchir aux conditions de leur survie. D’une génération à l’autre, la petite nation se sent traversée par l’angoisse de la disparition : elle n’a pas l’assurance de celles qui se croient appelées à dominer le monde ou à l’éclairer. D’une génération à l’autre, la petite nation relève pourtant ce défi et poursuit son expérience du monde.
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