Les Québécois n’ont pas attendu 1920 pour conserver leurs lettres d’amour, de vieux titres de propriété et autres trésors familiaux. Ces archives privées souffraient cependant d’un grand éparpillement et risquaient à tout instant de disparaître, victimes de négligence ou d’un banal incendie. Risquait aussi de s’évanouir notre mémoire collective, celle des organismes publics, ministères, associations et, avec elles, les faits d’armes des Champlain, Anne Hébert, Maurice Richard, Louis-Joseph Papineau ou Marguerite Bourgeoys. Depuis 1872, se profilait aussi le spectre que nos archives nationales soient aspirées à Ottawa par les archives canadiennes.
Le 2 septembre 1920, le secrétaire provincial Athanase David nomme Pierre-Georges Roy « archiviste du gouvernement de la province de Québec » avec pour mandat de prendre soin des archives rassemblées depuis l’époque de la Nouvelle-France et de mettre en œuvre une politique de sélection.
Modestes au départ, ces Archives nationales connaissent une expansion considérable en 1970 et le mandat de conserver des documents provenant de 2300 ministères et organismes publics. Les Archives nationales comptent aujourd’hui pas moins de 67 kilomètres linéaires de documents textuels, des millions de photographies, des milliers de films et quelques 13 millions de documents numérisés : une inépuisable source d’inspiration et d’investigation pour les historiens, généalogistes, géographes, écrivains, cinéastes ou journalistes et qui raconte 400 ans d’histoire de ce bout de l’Amérique.
Une fois sélectionnées, classées et cataloguées, ces archives sont accessibles gratuitement dans l’un des 10 centres d’archives de Québec, Montréal, Trois-Rivières, Gatineau, Saguenay, Rimouski, Sherbrooke, Rouyn-Noranda, Sept-Îles et, depuis 2010, de Gaspé. En plus d’assurer l’accès à tous, cette proximité permet à chaque région de conserver chez elle les traces de son passé, avec la sensibilité et l’expertise afférentes.
Depuis 2006, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) rassemble trois institutions vouées à la préservation de la mémoire du Québec :
- Les Archives nationales assurent la conservation et l’accès aux archives publiques et privées sur tout le territoire national, en plus d’encadrer les organismes publics dans la gestion de leurs documents.
- La Bibliothèque nationale acquiert, traite, conserve et met en valeur l’ensemble de l’édition québécoise : livres, revues, journaux et jusqu’aux partitions musicales! Cette mission est bien rappelée depuis 1968 par la mention « Dépôt légal, Bibliothèque nationale du Québec » inscrite dans chaque œuvre publiée au Québec.
- Finalement, la Grande Bibliothèque est un carrefour culturel unique, inaugurée à Montréal en 2005, qui donne librement et gratuitement accès à la plus grande collection de livres et de documents de langue française en Amérique. En tant que bibliothèque publique de tous les Québécois, la Grande bibliothèque diffuse aussi de nombreuses ressources numériques, des banques de données, des expositions, des conférences et des activités pédagogiques disponibles en ligne.
Parlant d’accessibilité, les Archives nationales ont aussi entrepris un vaste chantier de numérisation et de diffusion en ligne des documents disponibles par le biais de moteurs de recherche. Des millions de photographies, de pages de registres de l’état civil et de greffes de notaires sont ainsi accessibles à distance. L’an dernier, son portail a suscité sept millions de visites, générant 18,4 millions consultations de documents en ligne et plus de 1,5 million de prêts numériques.
Nos archives nationales diffusent aussi des pans de notre mémoire via les médias sociaux et autres plateformes collaboratives : Facebook, Youtube, Instagram, Twitter ou Flickr. Consciente que l’encyclopédie collaborative Wikipédia est la principale source d’information des Québécois, BAnQ a aussi noué un fécond partenariat avec la Fondation Wikipédia afin d’accroître et d’étoffer le contenu en ligne consacré au Québec.
En période de pandémie, les services des Archives nationales reprennent progressivement. Quant aux abondantes ressources en ligne de la BAnQ, elles fonctionnent à plein régime! Collectivement, nous avons la responsabilité de préserver des archives, quelle que soit leur nature, car nul ne peut prédire la valeur documentaire ou patrimoniale qu’elles prendront dans un siècle ou deux. Il en va de notre mémoire, de notre identité, mais aussi de notre avenir comme peuple, car « Cette histoire nous mènera loin ! »
https://archives100ans.banq.qc.ca/