Le 21 janvier 2025 nous soulignerons le 77e anniversaire de l’adoption du fleurdelysé pour le Québec. Qu’avons-nous gagné depuis 1948 avec le drapeau? Que devrait-il nous inspirer aujourd’hui?

Visiblement, il représente aujourd’hui notre fierté et notre identité. Le sens de l’unité nous échappe en revanche parfois. Jouer pour la même équipe face aux difficultés exige de la loyauté.

Les Québécois en ont donné toute une leçon ces derniers jours aux autres canadiens, en faisant preuve de retenue, de sens de l’État, de propositions constructives, face aux menaces de Donald Trump d’absorber le Canada à titre de 51e état américain. Même le Très honorable Jean Chrétien l’a souligné publiquement, parlant du Bloc québécois. Les autres provinces canadiennes et les partis fédéraux chicaniers n’ont pas été à la hauteur.

Plusieurs sont surpris de ce patriotisme déplacé des souverainistes. La séparation du Québec ne vise pourtant pas à détruire le Canada, elle cherche plutôt à sauvegarder notre partie du Canada. Les anciens se souviennent que c’est du Québec que furent entendus les cris les plus forts pour l’indépendance du Canada face à l’Empire britannique. L’indépendance du Québec est une continuité du mouvement.

Les partis souverainistes québécois gagneraient certainement à conserver cette « hauteur » et à maintenir un meilleur ton dans les échanges entre eux. Les derniers mois n’ont pas été le meilleur exemple à cet égard. Ils savent pourtant qu’un référendum ou qu’une constituante approche! Si nous sommes capables de nous serrer les coudes pour la défense du Canada, nous devrions être encore plus loyaux entre nous pour réussir notre indépendance.

Si la loyauté est une responsabilité des partis ou des élus, elle est aussi une responsabilité des individus ou des organisations. Indépendamment de la justesse de leur cause, lorsque des manifestants pro-palestiniens ou des individus isolés ciblent nos concitoyens de confession juive, ciblent les symboles ou les lieux de rassemblement des communautés juives québécoises, ce sont des actes de déloyauté. Ce n’est pas le droit fondamental de manifester, ce n’est pas que de la résistance ou de l’antisémitisme, c’est un crime contre notre unité.

Chez-nous, sous notre drapeau, les conflits étrangers n’ont pas à tourner des Québécois contre d’autres Québécois. Le faire sur ce sujet ou d’autres, c’est ouvrir la porte aux semeurs de méfiance que sont les Trump, les Poutine et leurs agents.

Est-ce que le Mouvement national des Québécoises et Québécois pratiquera ce qu’il prêche en 2025?

Nous avons entamé en 2024 un dialogue avec le lobby et les organismes représentatifs des communautés anglophones. En 2025 nous accoucherons de propos, d’actions et d’événements pour souligner notre reconnaissance et notre appartenance commune.

Nous avons également porté attention en 2024 aux inquiétudes de plusieurs relativement à ce qui se passe dans nos écoles vis-à-vis l’appartenance au Québec. En 2025, nous entendons examiner quels sont les contenus qui sont véhiculés dans nos programmes, nos manuels, nos projets d’école, et analyser les représentations sociales qui y circulent au sujet du Québec. Pour être unis il ne suffit pas de planter un drapeau du Québec devant nos écoles, il faut s’occuper de ce qui s’y passe.

Plusieurs Canadiens des autres provinces se disent avec envie : « Eux, ils n’ont pas notre problème ». Ils nous perçoivent comme plus susceptibles de nous défendre face aux prétentions américaines, plus unis et plus sûrs de qui nous sommes. Ont-ils raison?

En ce jour du Drapeau, rappelons-nous des gestes posés, et de ceux à venir, pour que nous continuions à être unis, loyaux, solidaires, capables et heureux de jouer pour la belle et grande équipe du Québec.

Publié dans Le Devoir, 21 janvier 2025